L’Eglise Saint-Maurice de Jacob-Bellecombette

L’Eglise Saint-Maurice de Jacob-Bellecombette

L’Eglise de style néogothique Saint-Maurice fut construite entre 1850 et 1852. Elle est un lieu emblématique du patrimoine historique architectural de la commune de Jacob-Bellecombette.

Son histoire

  1. Les débuts

En 1232, Bellecombette est citée dans les Mémoires de la SSHA comme faisant partie de la paroisse de Montagnole et de la seigneurerie de Villeneuve, à Cognin. En 1400, Jacob n’avait que quelques feux, une chapelle en mauvais état, et dépendait du prieuré de Lémenc. Les deux villages se réunirent en 1497, date à laquelle fut construite la première église qui était desservie par un moine de Lémenc.

L’église est restaurée en 1673, une cure est bâtie et Jacob Bellecombette devient une paroisse avec un curé à demeure. L’église fait l’objet de nombreuses réparations au cours des siècles. C’est encore le cas de 1820 à 1845. Mais elle reste en mauvais état et elle est trop petite pour une population qui augmente.

  1. L’église actuelle

La construction de l’église actuelle est l’œuvre commune de la municipalité, des habitants et surtout du curé Georges qui fut l’âme du projet. C’est lui qui le lancera, cherchera les fonds et surveillera les travaux.

 

Un projet présenté par l’architecte Denarié pour 19 662 francs

Le projet de l’architecte Denarié s’élevait à près de 20 000 Fr. Sollicité, le Roi Charles-Albert donne les premiers 1 000 Fr. lors de son voyage en Savoie en 1845. L’état Sarde verse une subvention de 7 000 Fr., les propriétaires environ autant et les fermiers un peu plus de 1 000 Fr. Certains propriétaires fournirent de la main d’œuvre ou des matériaux, par exemple Mme Dupasquier qui donna le tuf de la voute pour un montant de 600 Fr.

 

16 mai 1850, décision prise de démolir l’église édifiée depuis 1497

Le conseil de fabrique approuve le projet le 16 mai 1850 et il est mené tambour battant. En effet, la visite de S.M. Victor Emmanuel II est prévue ce même mois à Chambéry et la paroisse va utiliser à fond cet évènement. Dans un contexte où la politique gouvernementale était peu appréciée en Savoie, la venue de la Famille Royale devait resserrer les liens entre la province et le Piémont. Même si la visite ne changea rien sur le fond, elle fut un grand succès.

 

29 mai 1850, pose de la première pierre de la nouvelle église par le prince Humbert, fils du Roi de Piémont-Sardaigne Victor-Emmanuel II 

Sollicité par la paroisse, S.M. délégua son Bien Aimé fils Humbert, futur Humbert I° d’Italie, à la pose de la première pierre de l’église le 29 mai 1850. Le prince avait 6 ans ! On plaça dans les fondations une pierre creuse à l’angle sud-ouest de l’édifice. S. A. R. Mgr le prince de Piémont arrive au son de la musique. Il est reçu par Mgr Billiet, le curé Georges et les notables locaux. Le Prince est placé sous un pavillon en tentures orné de drapeaux de Savoie. Monseigneur fait une courte allocution et la pose commence. On place dans une cassette de plomb des médailles à l’effigie de Charles Albert qui avait fourni les premiers fonds, et de Victor Emmanuel. Ensuite, à l’aide d’une truelle en argent, S. A. R. met du ciment sur la jointure, pose le couvercle et donne quelques coups sur la pierre avec un marteau également en argent pour s’assurer de la bonne jointure. Les maçons ensuite montent le mur pour enserrer la pierre. Le Prince Humbert est déclaré parrain de l’église et il annonce que la subvention du gouvernement est augmentée de 4 000 Fr. ce qui assure l’équilibre du projet ! Il suivit toute la cérémonie avec un sérieux et une attention qui firent oublier son jeune âge.

Revenu à Turin, et à l’instigation de sa mère la Reine Marie-Adélaïde, il offre le superbe autel de marbre blanc. De son côté, S. M. la Reine mère Marie-Thérèse offre les magnifiques vitraux qui portent le blason de la Maison de Savoie.

L’autel de la Vierge est offert par le comte Eugène Costa de Beauregard et l’inévitable comte Pillet-Will offre la magnifique porte d’entrée en bois sculpté, autel et porte étant marqués à leurs noms.

Pendant les années qui suivent, le curé Georges va continuer à se démener pour trouver l’argent nécessaire à la finition de l’église. Il organise une première tombola le 1° mai 1851. En juin 1852, une loterie est organisée à Turin par la marquise d’Arvillard, première dame d’honneur de la Reine, et sous le patronage de cette dernière. La Cour et la Savoie donnent des lots, le premier prix est un portrait de la Reine Marie-Adélaïde de Habsbourg.

En octobre 1853, une nouvelle loterie est organisée. Le curé Georges dont le père avait été un grognard de l’empire distingué par Napoléon Ier, sollicite l’Empereur et l’Impératrice des Français. Napoléon III lui envoie une superbe pendule Empire et l’Impératrice un service à thé en vermeil. L’Empereur offre également un crucifix et deux superbes chandeliers qui ornent encore aujourd’hui l’autel de la Vierge.

8 février 1852, la première messe

L’église fut ouverte au culte début 1852 et la première messe fut dite le dimanche 8 février 1852.

30 août 1855, la consécration officielle

La consécration officielle n’eut lieu que le 30 août 1855 par Monseigneur Billiet. Cependant, beaucoup restait à faire, notamment la fin de la flèche du clocher et l’aménagement intérieur.

Un seul jacobin est enterré dans l’église. Il s’agit de Jacques Dupasquier décédé en 1818. Il est vraisemblable que Jeanne Chapperon, son épouse, a obtenu de transférer la sépulture de son mari dans la nouvelle construction en tant que forte contributrice locale à son édification.

 

Ses vitraux

L’Immaculée Conception « Macula non est in te », la Vierge s’élève au milieu des anneaux du serpent.

Saint Maurice, le Saint patron de la paroisse, foule aux pieds une Vénus qu’il a brisée d’un coup d’épée et attends sereinement son martyr.

Humbert III de Savoie le bienheureux. Il jette derrière lui son manteau d’hermine et va enlever son armure pour prendre l’habit monastique. Marié à trois occasions et n’ayant eu que des filles, il prend l’habit des cisterciens. Ses vassaux, craignant la carence du pouvoir à son décès, viennent à Hautecombe lui demander de se remarier. Devant son refus, ils lui disent d’après Cabaret « vous pouvez aussi bien servir Dieu en étant marié et en gouvernant votre pays avec justice qu’en chantant mille messes avec ces religieux ». Et ils menacent de mettre le feu à l’abbaye. Il épouse Béatrice de Vienne en quatrièmes noces qui lui donne un fils l’année suivante, le futur Thomas Ier.

Texte de Jean-Baptiste BERN

Photos de Jean-Baptiste BERN et Mairie de Jacob-Bellecombette